En tant qu’International Observatory of Human Rights (IOHR) et organisations de défense des droits humains, militants, avocats, écrivains, journalistes, politiciens et universitaires, nous écrivons cette lettre pour exprimer nos préoccupations concernant les pressions actuelles infligées à tous les individus et à toutes les institutions, en particulier à M. Ömer Faruk Gergerlioğlu, qui fait des efforts inlassables pour les droits humains en Turquie.
Gergerlioğlu, militant des droits humains et député, a été menacé d’accusations de « terrorisme », d’abord par le chef de la police d’Uşak, puis par Özlem Zengin, vice-présidente du groupe parlementaire du parti au pouvoir AKP, et par Süleyman Soylu, Ministre de l’Intérieur.
Le fait que 23 étudiantes de l’Université d’Uşak avaient été soumises à des fouilles à nu deux fois au cours des cinq jours suite à leur mise en garde à vue le 31 août 2020 a suscité une vive réaction sur les réseaux sociaux. M. Gergerlioğlu a soulevé cette nouvelle au parlement turc et a demandé une fin aux fouilles à nu illégales.
Après que cette pratique soit devenue un sujet de débat sur les réseaux sociaux, d’autres femmes qui en souffraient ont partagé avec le public leurs expériences à travers des vidéos qu’elles ont publiées. Dénonçant catégoriquement cette pratique illégale qui n’est en aucune manière compatible avec la dignité humaine, de nombreux défenseurs des droits humains ont exprimé leur soutien pour les victimes.
Les fouilles à nu effectuées à deux reprises pour des raisons supposées de sécurité par la police d’Uşak violent l’interdiction des traitements incompatibles avec la dignité humaine. Bien qu’une enquête efficace sur cette question soit nécessaire, le député M. Gergerlioğlu, qui l’a portée au niveau parlementaire, a fait l’objet d’accusations.
Özlem Zengin, vice-présidente du groupe AKP, a pris M. Gergerlioğlu pour cible, disant que : « Jusqu’à présent, je n’ai jamais vu un député terroriser le parlement autant que M. Gergerlioğlu. »
Peu de temps après cette déclaration, Mesut Gezer, le chef de la police d’Uşak, a fait la déclaration suivante contenant des menaces et des insultes : « Nous sommes là pour lutter contre ces traîtres qui nous calomnient, ces sanguinaires … Nous ne les laisserons pas respirer dans ce pays. »
Suite à cette déclaration, le Ministre de l’Intérieur Süleyman Soylu a également pointé M. Gergerlioğlu du doigt : « En effet, cet homme est un terroriste, nous avons déposé de nombreuses plaintes. J’appelle la justice à faire tout ce qui est nécessaire à son sujet. »
Immédiatement après, le parquet général d’Ankara a annoncé l’ouverture d’une enquête contre les personnes ayant exprimé sur les réseaux sociaux leur réactions par rapport à la controverse.
Nous tenons à souligner que nous sommes gravement préoccupés par les détentions de masse et les violations des droits humains en Turquie ainsi que le fait que les fonctionnaires peuvent facilement accuser les défenseurs des droits humains et les parlementaires de « terrorisme ».
En tant qu’ IOHR et institutions qui croient aux droits humains et aux libertés et qui luttent à cette fin, nous sommes aux côtés de M. Ömer Faruk Gergerlioğlu et nous souhaitons une fin aux menaces dirigées par des fonctionnaires, des politiciens et des procureurs à l’égard des défenseurs des droits humains, en particulier de M. Gergerlioğlu.